La foi.
Je réponds à la question posée hier par Gérard sur son blog : Croyez-vous en Dieu ? ... Délicat sujet ... Chacun abrite en soi une réponse. Je vous donne la mienne à travers l'extrait d'un manuscrit sur lequel je travaille à temps perdu. Ma réflexion sur la foi a commencé très tôt. J'étais interne dans un pensionnat catholique ...
Le soir, lorsque la lumière du dortoir s’éteignait, alors que mes compagnons d’infortune chahutaient d’un lit à l’autre, j’essayais d’imaginer un monde où rien n’existait, visible ou invisible … C’était impossible ! Ce rien était toujours quelque chose ... J’appréhendais sans le savoir et à neuf ans, la notion angoissante s’il en est, du néant d’impossibilité. Je découvrais ce vide absolu qui s’évertuait à ne pas exister …
Ce vertige revint me hanter plus tard lorsque je lus le poème de Parménide : « L'être est, le non-être n'est pas ; le vide est-il être ou non-être ? » … La raison et la logique étant l’ingrédient principal de ma cuisine, je m'efforcai d'y réfléchir. L’espace, le temps, le mouvement qui est l’évolution de l’espace dans le temps, l’énergie qui la rend possible, le hasard qui guide cette évolution, le fait même que nous puissions penser, imaginer tout cela, sont des choses … D’où viennent-elle ? Je pressentais que Dieu n’apparaissait qu’à posteriori dans la réponse et qu'il constituait une solution peu satisfaisante. Je constatais sans difficulté que si tout avait été créé par un être divin, l’existence de ce dernier n’avait aucune explication … Or pour moi, Dieu appartenait au tout, et l’explication de l’existence du tout devait porter sur tout, y compris sur son éventuel créateur. J’eus l’impression de faire une découverte essentielle : l'incroyable paradoxe de la création. Je me sentais responsable de ce terrible secret que personne autour de moi ne semblait avoir percé. Tous croyaient en Dieu alors que je ne lui accordais aucun crédit …
Quelques années plus tard, un prêtre m’expliqua que Dieu était sa propre cause … Causa sui. Il était ce qui était, ce qui avait été et ce qui serait. C'était ça l'éternité … Dieu était parfait, il ne pouvait donc avoir été engendré par quiconque, car le seul être qui aurait pu le créer dans sa perfection absolue ne pouvait être que Dieu lui même ! … Causa sui ! insista-t-il. Balivernes et cabrioles ! pensai-je, car si Dieu était le monde, ce dernier n’avait pas de créateur et l’univers existait depuis toujours. Si ma conclusion paraissait logique, ce monde infini dans le temps et dans l’espace me semblait encore difficile à admettre. Je confiais donc mes interrogations au père Cornillon … Mais il fut incapable de me répondre, et me trouva très compliqué. Entre l’absurdité de la genèse et le mystère de l’éternité, je décidai que le monde n’avait jamais été créé.
Et vous ... Un évènement particulier de votre vie d'enfant ou d'adulte vous a-t-il aidé à forger votre conviction ?